En prenant le contrôle de la mine de Las Bambas, province de Cotabambas, au sommet des Andes, la Chine s'est dotée de la capacité de manipuler le cours mondial du cuivre. Ouverte depuis l'été dernier, la plus grosse mine du pays a déjà radicalement chamboulé la vie des paysans andins.Pour les Pararani, principale communauté expropriée, la compagnie minière a arasé une montagne et bâti une "cité radieuse", Nueva Fuerabamba, avec écoles et hôpital doté d'un héliport. Les paysans ont ainsi atterri dans des lotissements proprets, des maisons de 8 chambres sans jardin ni pâture. Et dilapident leurs indemnités dans d'incertaines entreprises fleurissant autour de la mine, des églises évangéliques douteuses et des fonds de placements abusifs. Malgré un discours inclusif, qui promet une saine redistribution des richesses, la mine n'emploie plus les paysans, devenus indociles, prêts à bloquer le flot des 800 camions quotidiens à chaque revendication. Les militaires encerclent et protègent le site minier et l'Etat se garde bien de faciliter les négociations. Telle est la réalité de l'industrie minière mondialisée, du haut de la Cordillère des Andes.